Par QORIA ANOUAR
Dans un geste diplomatique hautement significatif, le président Emmanuel Macron a décidé de suspendre l’exemption de visa accordée jusqu’ici aux détenteurs de passeports diplomatiques algériens, cette décision marque un tournant stratégique dans la gestion des relations bilatérales entre la France et l’Algérie, et s’inscrit dans une volonté affirmée de rétablir une forme de discipline républicaine dans les échanges institutionnels avec Alger, le passeport diplomatique, longtemps perçu comme un sésame automatique, ne suffira plus, à partir d’aujourd’hui, toute mission diplomatique algérienne devra faire l’objet d’un contrôle préalable, conformément aux procédures en vigueur, ce durcissement des conditions d’entrée reflète une volonté de remettre de l’ordre et d’instaurer une réciprocité plus équilibrée, ce cadrage stratégique s’inscrit dans une logique plus large de « républicanisation » des relations extérieures, où l’émotion postcoloniale cède la place à un réalisme politique assumé, le chef de l’État, qui s’est souvent montré critique face à une forme de « clientélisme diplomatique », entend affirmer une nouvelle grammaire dans les rapports d’État à État…
Cette inflexion diplomatique traduit aussi une mutation structurelle de la politique étrangère française, moins affective, plus contractuelle, il ne s’agit plus de gérer les liens avec Alger à travers le prisme mémoriel ou symbolique, mais selon les normes classiques du droit international et les exigences de gouvernance républicaine, avec ce virage, Emmanuel Macron pose les fondements d’un nouvel équilibre postcolonial, où les anciens réflexes cèdent la place à une diplomatie de responsabilité mutuelle et de souveraineté réciproque.