Par QORIA ANOUAR
Le 16 novembre 2024, Boualem Sansal écrivain franco-algérien de grande renommée، est interpellé à son arrivée à l’aéroport d’Alger, placé immédiatement en détention, il subit ce que de nombreuses voix dénoncent comme une forme d’enlèvement extrajudiciaire, privé de contact avec ses avocats et isolé dans des conditions opaques, entachant gravement les droits fondamentaux à un procès équitable, accusé «d’atteinte à l’unité nationale» en vertu d’une loi floue, l’article 87m introduit dans le code pénal algérien, souvent utilisé pour museler les opposants, il est jugé dans une procédure controversée émaillée d’irrégularités.
Le 27 mars 2025, la cour de Dar El Beida le condamne à cinq années de prison ferme et à une amende de 500 000 dinars algériens (≈ 3 500 €), ce malgré des accusations exclusivement issues d’un discours critique, sans appel à la violence, cette sentence est confirmée le 1er juillet 2025 par la cour d’appel d’Alger, qui boucle la voie judiciaire et réduit à néant toute possibilité de recours efficace, alors que l’écrivain, âgé, il a 75 à 80 ans selon les sources et atteint d’un cancer, subit une condition carcérale incompatible avec l’obtention des soins nécessaires, les autorités algériennes refusent toute mesure de clémence, relevé médicalement, il a été transféré temporairement à l’hôpital, puis ramené à la prison, sans précision sur l’état de ses traitements, malgré les appels ou condamnations de plusieurs institutions et personnalités, la réponse internationale reste minimaliste، le Parlement européen a adopté en janvier 2025 une résolution réclamant la libération immédiate et inconditionnelle de Sansal, des personnalités littéraires prestigieuses dont Annie Ernaux, Orhan Pamuk et Salman Rushdie، ont publiquement réclamé la libération de l’écrivain, le gouvernement français dont le président Emmanuel Macron, qualifie l’arrestation et la condition de détention de Sansal comme une «insulte» à l’humanité et à la France, appelant à une issue présidentielle avec clémence, l’organisation Humena (droits humains MENA) dénonce un procès inique violant les articles 9, 14 et 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi que la Constitution algérienne, et appelle à l’abrogation de l’article 87m et à l’annulation du verdict, des démarches politiques, dont une plainte déposée auprès du Médiateur de l’Union européenne, invoquant le filet de droits conditionnant le partenariat UE–Algérie, ont été entreprises… Cependant, ces démarches restent symboliques, aucune sanction économique, ni suspension sérieuse des coopérations, n’ont été envisagées, et l’Union européenne reste visiblement en retrait, un silence que sa propre rhétorique sur les droits fondamentaux balaye d’une incongruité alarmante…
L’isolement, le manque d’accès au dossier, l’urgence de la procédure et l’absence de raisons légitimes pour un traitement si expéditif constituent une violation manifeste du droit à un jugement équitable, garanti par les normes internationales (PIDCP, Pacte africain, Constitution algérienne), sanser se voit condamné pour des opinions exprimées publiquement, sans appel à la violence, il s’agit donc clairement d’un cas de criminalisation de la parole, ces dispositions ébranlent les fondements d’une société démocratique, maintenir un prisonnier âgé, malade, sous traitement pour un cancer, en détention, relève d’une négligence criminelle, et, au-delà de l’iniquité, peut relever de la torture par omission, selon les critères internationaux…
La situation de Boualem Sansal représente une crise humanitaire, juridique et morale, elle interroge la capacité de la communauté internationale < États, institutions, ONG > à défendre les principes universels qu’elle prétend porter, le silence actif, l’inertie diplomatique et la frilosité politique trahissent non seulement les valeurs proclamées, mais alimentent une impunité institutionnelle dangereuse, il est impératif que la communauté internationale transpose ses réprobations orales en mesures concrètes, suspension des accords, conditions claires liées au respect des droits de l’homme, le respect des droits fondamentaux، liberté d’expression, procès équitable, dignité humaine، ne reste pas lettre morte, la clémence présidentielle algérienne soit considérée avant tout comme une exigence humanitaire, non un acte de grâce.
Boualem Sansal incarne aujourd’hui la lutte contre l’oppression et l’étouffement de la dissidence, laisser sa voix se taire dans l’indifférence serait une trahison collective de nos standards démocratiques.
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