Par QORIA Anouar
La détresse s’est abattue sur la plus jeune fille de Boualem Sansal, elle espérait encore qu’un geste de clémence libérerait son père, mais ses attentes se sont heurtées à l’inflexibilité du régime algérien, à l’impuissance des organisations de défense des droits humains, et à l’échec des démarches françaises et internationales. L’écrivain de 80 ans, atteint d’un cancer de la prostate, n’a d’autre horizon que la patience et la résistance face à une dictature sourde aux appels de raison, sa famille, quant à elle, n’a qu’un seul mot d’ordre, exiger sa libération immédiate, Malgré des contacts discrets entre Paris et Alger, aucune issue n’a pu être trouvée, la France a bien multiplié sanctions et pressions, consciente qu’un décès de Sansal en détention serait un désastre diplomatique et moral pour Alger mais les calculs du régime Tebboune semblent primer sur toute considération humaine…
Paris espérait que l’affaire constitue une opportunité pour un geste présidentiel, voire un pardon mais, au contraire, le pouvoir algérien s’enferme dans une logique de bras de fer, transformant un écrivain respecté en simple monnaie d’échange politique, en Algérie même, la détention de Sansal suscite incompréhension et indignation, beaucoup s’interrogent quel sens y a-t-il à emprisonner un vieil homme malade, dont les écrits, loin de menacer la sécurité du pays, ne sont que la voix d’une conscience libre ? Sur les réseaux sociaux, le débat fait rage, certains y voient une erreur judiciaire et morale, d’autres dénoncent une instrumentalisation de la justice pour masquer les crises internes, les conséquences sont déjà visibles, dégradation de l’image du pays, isolement accru, sanctions économiques françaises et européennes qui fragilisent davantage une économie en difficulté… La situation de Boualem Sansal, écrivain célébré dans le monde entier, est devenue le symbole d’un régime en perte de repères, préférant l’acharnement contre un intellectuel à l’ouverture d’un dialogue avec sa société, en l’utilisant comme un pion, le pouvoir algérien ne fait que précipiter sa propre décrédibilisation sur la scène internationale.
Alors qu’il devrait finir ses jours entouré de respect et de reconnaissance pour son apport à la littérature et à la pensée, Sansal croupit dans les geôles d’un État qui confond force et brutalité, sa détention, cruelle et incompréhensible, ne fait que renforcer l’image d’un pays qui se replie sur lui-même et sacrifie ses propres voix libres sur l’autel d’intérêts politiques étroits, il est encore temps de réparer cette injustice, mais chaque jour qui passe rend le silence plus insupportable, l’histoire retiendra que Boualem Sansal, malade et âgé, a été réduit au statut de prisonnier dans ce que beaucoup appellent déjà les «prisons de la honte»…